Le coup de chaleur chez les chevaux : reconnaissance, prévention et gestion

Le coup de chaleur chez les chevaux : reconnaissance, prévention et gestion

Le coup de chaleur, ou hyperthermie, est une condition grave et potentiellement mortelle pour les chevaux. Il survient lorsque le cheval est incapable de réguler sa température corporelle, souvent en raison d'une combinaison de facteurs tels que des températures ambiantes élevées, une humidité élevée, un exercice intense et une hydratation insuffisante.

 

I- Le coup de chaleur, qu’est-ce que c’est ?

Le cheval est une espèce homéotherme : il conserve une température corporelle constante, indépendamment du milieu extérieur.

Lorsqu'il fait trop chaud, le cheval peut abaisser sa température soit par la transpiration, soit par la dilatation des vaisseaux sanguins sous la peau.

Or, quand ces mécanismes sont insuffisants pour faire baisser la température, par exemple lors d’un exercice intense associé à une forte chaleur extérieure, le coup de chaleur apparaît. La température corporelle est normalement comprise entre 37,5°C et 38,5°C. Si celle-ci augmente, elle peut dépasser 41°C. Il en résulte des dysfonctionnements des organes internes (cœur, reins, cerveau…). Du fait de la dilatation des vaisseaux sanguins, le sang s’accumule en effet dans les vaisseaux de la peau et n’est plus disponible en quantité suffisante pour irriguer correctement ces organes vitaux.

II- Les symptômes du coup de chaleur

Température du cheval élevée : Une température corporelle supérieure à 40°C.

Augmentation de la fréquence respiratoire : Le cheval respire de manière rapide et peu profonde, souvent avec des narines dilatées. Respiration qui persiste malgré l’arrêt de l’exercice depuis 10 à 30 minutes, selon l’effort, la fréquence respiratoire normale d’un cheval étant comprise entre 20 et 40 mouvements par minute.

Transpiration excessive.

Fatigue et faiblesse : Le cheval peut sembler léthargique, tituber ou même s'effondrer.

Pouls accéléré : Une fréquence cardiaque élevée qui ne ralentit pas après l'exercice. Vous pouvez retrouver notre article "Prendre le pouls de son cheval" ici.

Déshydratation : Peau qui reste tendue lorsqu'elle est pincée, muqueuses sèches et gencives collantes.

Tremblements et douleurs musculaires, voire signes de coliques.

Troubles du comportement : Désorientation, agitation ou apathie.

III- Quels facteurs favorisent le coup de chaleur ?

Plusieurs conditions vont favoriser le coup de chaleur, les raisons principales sont :

  • Une température extérieure élevée

  • Un air très humide

  • Une aération insuffisante

  • Une activité physique trop intense

Normalement, l’évaporation de la sueur à la surface du corps suffit à refroidir le cheval. Si l’air est trop humide, l’évaporation naturelle perd de son efficacité. En une heure, un cheval peut transpirer l’équivalent de 15 à 20 litres d’eau dans des conditions fraîches et sèches, et 30 litres lorsque le temps est chaud et humide. Seulement 25 à 30 % de la sueur s’évaporent ; le reste coule le long de la peau.

Si le cheval ne boit pas suffisamment, la transpiration excessive entraîne une perte importante en eau et en éléments minéraux (la sueur du cheval contient beaucoup de sel) provoquant une déshydratation et un déséquilibre électrolytique. Même si le coup de chaleur fait le plus souvent suite à un exercice intense et/ou long, il peut également survenir chez le cheval au repos, notamment si ce dernier est stationné dans des zones chaudes et/ou mal ventilées (transport en van, box mal aéré, boxes démontables où il peut faire très chaud, attache au soleil…).

 

Le coup de chaleur peut également être dû à la condition physique et au mode de vie du cheval :

  • Les chevaux en embonpoint : La graisse sous-cutanée diminue l’évacuation de la chaleur produite par les contractions musculaires.

  • Les chevaux avec des poils très longs et/ou très épais : Les chevaux atteints du syndrome de Cushing par exemple.

  • Les chevaux peu ou pas entraînés, soumis à un exercice physique ou à un stress : Leurs muscles sont peu vascularisés et ne se refroidissent pas suffisamment.

  • Les chevaux transportés d’une région fraîche à une région plus chaude pour participer à une compétition ou faire une randonnée par exemple, et dont l’organisme n’a pas le temps de s’habituer à la chaleur avant l’effort.

IV- Comment gérer le coup de chaleur ?

En cas de suspicion de coup de chaleur, il est crucial d'agir rapidement et efficacement pour éviter des conséquences graves.

Premiers secours

La première chose à faire en cas de cheval au travail est d’arrêter immédiatement l’effort dès l’apparition des premiers symptômes de stress thermique. Ensuite, il faut faire baisser la température du cheval par tous les moyens possibles.

Refroidissement immédiat : Déplacez le cheval dans une zone fraîche, ombragée, ventilée et utilisez de l'eau fraîche (attention : fraîche et non froide pour éviter un risque de choc thermique) pour mouiller son corps, en particulier le ventre, les membres et l’encolure.

  • Pratique EquuRES : utilisez un linge humide à poser sur le cheval, qui durera plus longtemps et économisera de l’eau.

Ventilation : Utilisez des ventilateurs ou créez un courant d'air pour aider à refroidir le cheval.

Hydratation : Offrez de petites quantités d'eau fréquemment. Évitez de donner de grandes quantités d'eau d'un coup pour prévenir les coliques.

Surveillance : Contrôlez la température du cheval toutes les 10 à 15 minutes. Une diminution progressive de la température corporelle est un signe positif.

Assistance vétérinaire : Si la température du cheval ne diminue pas dans les 20 à 30 minutes, contactez impérativement un vétérinaire. Le coup de chaleur peut nécessiter des soins et interventions vétérinaires (une perfusion pour le réhydrater).

V- Comment prévenir le coup de chaleur ?

La prévention est essentielle pour éviter le coup de chaleur chez les chevaux. Voici quelques mesures préventives :

Gestion de l'environnement

Ombre et ventilation : Assurez-vous que les chevaux ont accès à des zones ombragées et bien ventilées.

Nutrition et hydratation

Hydratation adéquate : Fournir de l'eau propre et fraîche à volonté.

Sel et électrolytes : Mettre à disposition une pierre à sel et, en cas de forte transpiration, ajouter des suppléments d'électrolytes dans l'alimentation pour compenser les pertes dues à la transpiration. Les électrolytes sont des sels minéraux indispensables au fonctionnement de l'organisme, en particulier chez le cheval de sport. Ils sont préconisés dans différentes situations, pour prévenir la fatigue et favoriser la réhydratation du corps.

Rations alimentaires : Adapter la ration alimentaire en fonction de l'activité et des conditions climatiques. Donner des aliments rafraîchissants comme des pommes, des carottes…

Ajustement de l'exercice

Progressivité de l'entraînement : Augmentez l'intensité de l'exercice de manière progressive pour acclimater les chevaux.

Pauses fréquentes : Donnez aux chevaux des pauses régulières pour se reposer et boire de l'eau.

Éviter les périodes de chaleur intense : Planifiez les séances d'exercice tôt le matin ou tard le soir lorsque les températures sont plus fraîches, évitez les heures les plus chaudes de la journée ou le travail en plein soleil.

  • Pratiques EquuRES :

    -  Installer un ventilateur dans les boxes de passage pour les hippodromes.

    - Installer des brumisateurs dans les allées des écuries ou sur la piste d’un hippodrome permet de créer un environnement plus sain et confortable pour les chevaux et les cavaliers. Les brumisateurs procurent un soulagement contre la chaleur, réduisent la poussière et améliorent la qualité de l’air (photos de l'hippodrome de Marlioz, ci-dessous).

Photo : Brumisateurs installés à l'hippodrome de Marlioz, à Aix-Les-Bains

Il est également possible d'agir sur ces points :

Transport : Dans le cas d’un transport long, faites des arrêts régulièrement et proposez à boire à votre cheval. N’hésitez pas à lui administrer une seringue d’électrolytes si nécessaire à l’arrivée.

Tonte : Tondre les chevaux à poils longs et épais, ou les chevaux dont la mue estivale est retardée / diminuée.

Douche : Douchez les chevaux qui transpirent ou les couvrir d’un linge humide.

VI- Conclusion

Le coup de chaleur est une urgence vétérinaire grave chez les chevaux, nécessitant une reconnaissance rapide, des mesures préventives rigoureuses et une gestion efficace en cas de crise. En étant vigilant et en prenant les précautions nécessaires, les propriétaires et les soigneurs de chevaux peuvent protéger leurs animaux contre les dangers de l'hyperthermie et assurer leur bien-être même pendant les périodes de chaleur intense.

VII- Sources :