Assurer le bien-être du cheval et du cheval de sport de haut niveau

Assurer le bien-être du cheval et du cheval de sport de haut niveau

Les chevaux de sport de haut niveau, que ce soit des chevaux de CSO (Concours de Saut d'Obstacles), de CCE (Concours Complet), de dressage ou même de course etc..., requièrent une attention particulière quant à leur bien-être. Ces athlètes équins sont soumis à des entraînements intensifs, des voyages fréquents et des compétitions rigoureuses, ce qui peut impacter leur santé physique et mentale. Pourtant, des pratiques spécifiques peuvent aider à maintenir et améliorer leur bien-être. Cet article, basé notamment sur des recherches récentes, met en avant des conseils et bonnes pratiques pour le bien-être de ces chevaux de sport.

Cet article se base sur une étude qui a été menée par une thésarde de l'INRAe, en partenariat avec l'IFCE, et qui a été présentée lors des JSIE de Saumur 2024 (Journées sciences et innovations équines).

Les trois facteurs essentiels (3F)

Aujourd'hui, il existe trois facteurs essentiels pour assurer le bien-être vital des chevaux, peu importe qu'ils soient des chevaux de haut niveau ou non.

Ces 3 facteurs sont les 3F pour Forage, Freedom and Friends, c'est - à - dire :

  • Fourrage en illimité

  • Accès aux sorties en liberté

  • Interactions sociales avec les congénères

Fourrage en illimité

Les résultats de l'étude montrent que les chevaux ayant un accès illimité au fourrage expriment peu ou pas d’indicateurs comportementaux de mal-être. Ainsi, l'accès en quantité suffisante, voire à volonté, au fourrage n'entraîne pas une prise de poids excessive chez les chevaux.

En effet, les chevaux ont la capacité de savoir auto-réguler leur consommation de fourrage en fonction de leurs besoins. Si le cheval ne peut pas combler ses besoins en fourrage dû à une restriction, par exemple, celle - ci entraînera alors une frustration chez le cheval qui consommera du fourrage en très grande quantité à la moindre occasion, ou alors développera des stéréotypies (tic à l'ours, tic à l'appui, etc...) pour combler son ennui.

Conseils et bonnes pratiques EquuRES :

  • Fournir du foin de qualité : Assurez-vous que le foin est de bonne qualité et disponible en permanence pour les chevaux. Cela aide à prévenir les comportements anormaux et les déséquilibres du microbiote intestinal.

    Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer à l'article RECONNAITRE LA QUALITÉ DE SON FOIN.

  • Éviter les restrictions de fourrage : Les restrictions peuvent causer du stress et des comportements stéréotypés. Un accès constant au foin réduit ces risques. Il faut savoir que l'apport quotidien en matière sèche pour un cheval doit représenter au minimum 2 % de son poids vif. Pour un cheval de 500 kg, c'est minimum 10 kg de matière sèche par jour (soit 12 kg de matière brute avec un foin aillant un taux de matière sèche de 85 %).

Interactions sociales avec les congénères

Les résultats de l'étude montrent que les chevaux ayant des contacts visuels, olfactifs et tactiles avec des congénères ne présentent pas ou peu d’indicateurs de mal-être, alors qu'à l'inverse, l'absence de contacts tactiles peut entraîner l’apparition de comportements anormaux (stéréotypies, ennui, allant jusqu'à la dépression du cheval (tête dans le mur par exemple)). Le cheval est un animal grégaire qui, dans son milieu naturel, a donc toujours vécu en troupeau. Le priver de la totalité de ses instincts naturels revient à le priver d'exprimer pleinement les comportements propres à son espèce.

Conseils et bonnes pratiques EquuRES :

  • Faciliter les interactions sociales : Permettez aux chevaux d'avoir des contacts réguliers avec leurs congénères. Cela peut inclure des paddocks partagés ou des enclos adjacents.

  • Observer les comportements sociaux : Surveillez les interactions entre les chevaux d'un même troupeau pour s'assurer qu'elles sont positives et n'entraînent pas de stress supplémentaire.

    Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer à l'article COMMENT BIEN GÉRER LES GROUPES DE CHEVAUX ?

Accès aux sorties en liberté

Les résultats de l'étude montrent que plus les chevaux passent de temps en liberté, et moins ils présentent d’indicateurs de mal-être. Les chevaux vivant exclusivement au box ont un score d’alopécie (manque de pelage, perte de poils) plus élevé. Dans son milieu naturel, le cheval parcourt une quinzaine de kilomètres par jour. Faire vivre le cheval dans un box lui apporte un certain confort : un abri contre les pluies et les vents, un sol paillé ou en copeaux pour se coucher et se reposer, une protection contre les potentiels dangers de l'extérieur etc... Cependant, le cheval vivant au box passera beaucoup plus de temps statique, ce qui va à l'encontre de ses besoins naturels. C'est pourquoi, lui laisser la possibilité de sortir en liberté lui apportera un confort mental et physique nécessaire à son quotidien mais aussi à ses performances sportives.

Conseils et bonnes pratiques EquuRES :

  • Promouvoir les sorties régulières : Les chevaux devraient passer autant de temps que possible au paddock ou au pré. Cela réduit le stress et améliore leur bien-être général. EquuRES impose 5 à 6 sorties en liberté par cheval et par semaine (sauf cas particuliers, blessures, ou autres).

  • Aménagement des espaces extérieurs : Utilisez des paddocks bien entretenus et sécurisés pour minimiser les risques de blessures. Des clôtures électrifiées, en bois, en PVC et polyéthylène, ou encore constituées de haies, empêcheront vos chevaux de se sauver ou de rendre une visite inattendue à son ou ses voisins de paddock.

Mise en pratique des 3F pour les chevaux de sport de haut niveau

Mettre en pratique les 3F au quotidien pour les chevaux de sport de haut niveau peut s'avérer être un défi, surtout au niveau des contacts sociaux et des sorties en liberté. En effet, beaucoup de chevaux sortent peu au paddock ou seuls afin de minimiser les risques d'accidents notamment.

De plus, les chevaux de sport de haut niveau passent beaucoup de temps en déplacement et en compétition, ce qui peut compliquer la mise en œuvre de certaines pratiques. Cependant, il est essentiel d'intégrer ces habitudes dans leur routine quotidienne pour assurer leur bien-être.

Stratégies pour surmonter les défis :

  • Sorties en liberté :

    • Si vous le souhaitez, vous pouvez protéger les membres de vos chevaux (cloches, protections aux antérieurs, postérieurs).

    • Privilégiez autant que possible une sortie dans un paddock avec de l'herbe, ce qui incitera d'autant plus le cheval à brouter plutôt que se défouler, ainsi que de l'eau.

    • En été, mettre un bonnet et une couverture anti-mouches si toutefois le cheval ne supporte pas les insectes.

    • L'hiver, avoir quelques paddocks en sable permet d'éviter les glissades, mais aussi la destruction des sols afin de les préserver pour les beaux jours.

    • Assurez-vous que les clôtures soient en bon état (vous pouvez notamment doubler une clôture en bois par un fil électrique par exemple, ceci incitera les chevaux à les respecter).

    • Sortir les chevaux préférentiellement par 2, cela évitera aussi un mouvement de panique si le cheval n'apprécie pas la solitude et répondra à ses besoins d'interactions sociales avec les congénères.

    • Un petit paddock (type carré) contiendra davantage le cheval contre les grandes galopades inopinées et sont toujours mieux que pas de sorties du tout.

    • Il est bénéfique de prévoir des sorties régulières, les chevaux, sachant qu'ils ont droit à ce moment de répit chaque jour, pourront s'apaiser et cela contribuera à leur équilibre mental au quotidien.

  • Suivi et ajustements constants : Collaborez avec des vétérinaires et des comportementalistes pour surveiller les indicateurs de bien-être et ajuster les pratiques en conséquence.

Instaurer ces pratiques peut prendre du temps, surtout pour les chevaux n'ayant pas été habitués à ces pratiques, mais, à long terme, celles - ci ne seront que bénéfiques pour vos chevaux, comme pour vous !

En respectant ces principes, les établissements équestres peuvent garantir un environnement sain et équilibré pour leurs chevaux, contribuant ainsi à leur performance et à leur bonheur.

D'ailleurs, Aisprit de la Loge, cheval réserviste aux JO de Paris pour les épreuves de concours complet vit et évolue selon le principe des 3F : "Aisprit est au pré H24 depuis plusieurs semaines et profite de l'herbe en abondance. Le foin est toujours présent dans sa ration afin de ne pas trop perturber son système digestif quand il part en concours" peut-on notamment lire sur les réseaux sociaux. Suivi par des experts, un ostéopathe qualifié, et toute l'équipe qui le prépare pour les Jeux Olympiques, son cavalier montre qu'il est possible de concilier les 3F (Forage, Freedom, Friends) et le sport de haut niveau !

Sources :

"Trois facteurs associés au bien-être du cheval de sport de haut niveau"

  • Romane Phelipon, Noémie Hennes, Alice Ruet, Alexia Bret-Morel, Léa Lansade,

  • INRAE, CNRS, Université de Tours, IFCE, pôle développement, innovation et recherche, FFE, FNCH