Accueillir la biodiversité faunistique dans le milieu équin

Accueillir la biodiversité faunistique dans le milieu équin

Développons la vie sauvage et une cohabitation harmonieuse

Une écurie, un champ de course, un pré, un parking, un corps de ferme, une grange, des bureaux… Absolument toutes les zones présentes dans le monde équestre ont un potentiel lieu d’accueil pour la biodiversité. Mettez de bonnes chaussures et en route pour aller à la rencontre de la biodiversité, au cœur du monde équestre.

Pourquoi accueillir les animaux sauvages ?

Contre le gîte que vous pourrez leur procurer, cette faune se fera un grand plaisir de vous aider dans la gestion des indésirables. Quoi de mieux qu’un grand buffet garni pour rester sur place et travailler gratuitement pour les humains accueillants ? Si tous les étés vous êtes confrontés à une surpopulation de moustiques (et désormais de moustiques-tigre) en lien avec les bacs d’eau stagnante… les hirondelles, le martinet noir et les chauves-souris seront de véritables alliés ! Des problèmes de rats, souris et autres mulots ou encore des campagnols dans les zones de stockage et les selleries ? La belette, le hérisson et les rapaces (buse variable, faucon crécerelle, chouettes et hiboux) travailleront 24h sur 24h pour vous en débarrasser (les deux premiers sont diurnes tandis que les suivants sont nocturnes). Et si les moineaux domestiques vous aidaient à gérer ces mouches insupportables tant pour les chevaux que les humains ? En tant qu’oiseau grégaire, sa vie en communauté est un vrai plus pour vous puisque cette concentration d’oiseaux permet une régulation encore plus importante.

Bien d’autres cas sont également possibles : les mésanges contre les chenilles processionnaires ou pyrales de buis ; la chouette chevêche d’Athéna pour lutter contre le frelon asiatique ; le faucon pèlerin ou hobereau pour faire partir les pigeons ou encore la bondrée apivore contre les guêpes et taon. Mais concrètement, comment faire ?

Mésange sur un arbre

La faune et le bâti

De butons cette de couverte en commençant par les espèces appelées « anthropophiles », c’est-a-dire qui apprécient la présence humaine. Beaucoup d’oiseaux, mammifères et reptiles sont très friands des infrastructures créées par l’humain. Que ce soient des espaces semi-ouverts comme les écuries, les abris à chevaux, les zones de stockage ou les espaces fermes (bureaux, habitations, selleries…), chaque poutre, infructuosités, pierres et toitures peuvent être utilisées par un nombre plus moins important d’espèces différentes. En apprenant à les connaitre, il est plus simple de les accueillir ou les repousser en fonction de vos souhaits et besoins quotidiens.

Ragondin - Nuisible - Structure équine

Tandis que les gazouillis des oiseaux au printemps présagent une belle journée, le partage des bâtiments avec la faune locale peut également apporter son lot de soucis techniques. Par exemple, les nids d’hirondelles avec leurs tas de fientes à n’en plus finir et les oisillons qui tombent dans les box ; ou les razzias dans les espaces de stockage par les mulots, loirs et autres rongeurs. L’objectif d’une bonne cohabitation est de trouver une solution simple d’application et efficace à mettre en œuvre.

Des études éthologiques réalisées sur la macrofaune (oiseaux et mammifères) ont permis de mieux comprendre les besoins biologiques pour chaque espèce animale. En répondant à ces derniers, vous assurez le maintien des espèces souhaitées. A contrario, en créant un nouveau cycle proie/prédateur ; vous gérez les populations des indésirables.

Quelques exemples :

Les nids d’oiseaux et leurs fientes

Les oiseaux peuvent créer des souillures qu’il faut gérer au quotidien. De simples plateformes en bois antisalissures installe es sous les nids (à environ 60 cm en fonction de l’espèce) permettent de recueillir ces fientes en nécessitant un unique nettoyage une fois l’année.

Les oisillons d’hirondelle

Les hirondelles sont « the » espèces présentes dans les écuries, la chaleur de nos étés provoque de nombreuses chutes au sol. Dans la même logique que précédemment, une plateforme permettra aux petits de rester au plus proche du nid afin d’être nourris par les parents sans risque d’être piétinés. Saviez-vous d’ailleurs qu’il existe une centaine d’associations qui accueillent gratuitement les animaux sauvages en de tresse dans le but de les soigner puis les relâcher dans la nature ? N’hésitez pas à vous renseigner et – pourquoi pas – créer un lien entre vos deux organisations.

La surpopulation de rongeurs

Les surpopulations sont toujours dues aux me mes problématiques : le déséquilibre proie/prédateur. En proposant des perchoirs pour les buses (afin qu’elles viennent chasser au plus proche du territoire), des nichoirs à chouettes (hulotte ou effraie des clochers) ou encore des plateformes à hiboux et des zones d’accueil du renard ; vous assurez une gestion perenne et gratuite des souris, mulots et autres rongeurs.

La gestion des petites bêtes volantes

Plusieurs espèces peuvent vous aider à assurer la gestion de ces êtres petits… mais quelque peu énervants. L’installation de gîte à chiroptères peuvent assurer une prédation nocturne tandis que celle de nichoirs à martinet noir et même d’une tour à hirondelles permettent une prédation diurne.

Mais attention, une bonne cohabitation Homme/Faune ne se fait pas n’importe comment. Chaque outil de cohabitation installé doit répondre à des besoins précis et être installé également à des endroits bien de finis (hauteurs, orientation, type de structure d’accueil…). De plus, il ne faut pas oublier que votre territoire est sûrement déjà occupé par de nombreuses espèces dont il ne faut pas déséquilibrer l’équilibre. Une analyse naturaliste en amont s’avèrera sûrement nécessaire avant la mise en œuvre de ces beaux projets.

Direction les espaces extérieurs

Et dehors, que se passe-t-il ? Que ce soit dans les prés où s’ébrouent les chevaux, sur les zones d’espaces verts d’un hippodrome, sur des parkings et même dans les manèges et carrières ; n’importe quelle zone peut devenir un îlot de biodiversité intéressant si on cible les bonnes espèces sauvages.

Une végétation nécessaire

Disons-le tout de suite : la maximisation de la biodiversité ne pourra pas être développée sans gestion raisonnée des espaces verts et la valorisation des essences locales. Que ce soit le maintien ou la plantation d’une haie arbustive et/ou arborée, la réduction des sessions de tonte ou la non-coupe des arbustes en période de reproduction ; la flore est la base de toute démarche de biodiversité. Mais comment faire ? Arre tons de penser en tant qu’humain et mettons-nous à la place d’une mésange ou d’un hérisson.

Nous allons d’abord parler de strate puisque chaque espèce (notamment d’oiseaux) ont des hauteurs liées :

  • 1m50 maximum et dans les arbustes pour le rouge-gorge familier

  • 3m a 4m pour le troglodyte mignon et les mésanges

  • 6m minimum pour le pic épeiche et les colombidés

  • 8m pour les corvidés et les rapaces

Rourge-Gorge haies

Au-delà des différentes hauteurs qui assurant l’accueil de différentes espèces, la valorisation de plusieurs essences est à privilégier : des feuillus plutôt que des résineux avec des feuilles persistantes ainsi que des arbustes à fruits (aubépinier, houx, cassissier, framboisier) qui apportent non seulement un couvert, mais également une zone de nourrissage.

Eh oui, la végétation ne sert pas qu’à protéger ses petits ou à manger ; elle a de nombreux autres attraits dont celle de servir d’autoroute ! Le corridor écologique, créé par tout ce qui est végétal, est appelé « trame verte ». L’objectif est d’assurer une continuité des espaces verts du Nord au Sud, d’Est en Ouest et dans tous les sens intéressants pour la faune (d’un bois vers une mare ou encore d’un herbage vers un autre avec, au milieu, les écuries). Lorsque la volonté est là, il est assez simple de mettre en place une végétalisation au top ! En créant des haies, des zones non-tondues (appelées « îlots ») et en minimisant l’utilisation de clôtures opaques (sauf si elles intègrent des passages dits « à faune ») ; vous pérennisez l’installation de toute une panoplie d’espèces.

Des voisins parfois dérangeants

Comme dans le bâti, certains animaux sauvages peuvent créer des soucis de cohabitation au cœur des espaces verts du milieu équin tel que :

  • le renard et le blaireau qui viennent creuser des terriers aux endroits les plus mal choisis

  • le chevreuil et le cerf qui viennent manger les boutures des jeunes pousses fraichement plantées

  • le sanglier qui vient retourner le pré en mettant en danger les chevaux

L’objectif dans ces situations est de ne pas choisir la solution la plus extrême : tout clore. En déterminant les lieux d’installation de ces mammifères, leurs zones de passage et les endroits prioritaires à protéger sur votre territoire ; une carte de « bonne entente » peut être réalisée et mise en œuvre. Il suffit parfois de petites modifications des habitudes pour que tout le monde y trouve sa place.

Maintenant que nous comprenons les intérêts d'une telle cohabitation, voyons comment cela s’applique concrètement au sein de nos bâtiments et infrastructures équines.

Article rédigé par Johanna CHOPIN de Biodiversit’up, partenaire du Label EquuRES. Tous droits réservés 2025.