Avec l’arrivée imminente de la saison humide, la gale de boue devient à nouveau une préoccupation. La gale de boue, également appelée dermatophilose, est une inflammation cutanée fréquente chez les équidés qui vivent sur des sols boueux ou des litières humides. Elle se manifeste principalement sur les membres du cheval, notamment au niveau des paturons qui sont souvent en contact avec la boue et la saleté. Cependant, elle peut également se développer sur d’autres parties du corps du cheval, telles que le garrot, la ligne du dos ou la croupe.
La bactérie responsable de la gale de boue est le Dermatophilus congolensis, qui se développe dans des environnements humides et sur des surfaces abrasifs. Une humidité élevée est essentielle à la prolifération cutanée de la bactérie. Elle colonise les zones lésées de la peau et est responsable d’irritations, de formation de croûtes et parfois même de petites infections.
I – Les principaux facteurs de développement
Cette bactérie se développe sur les zones de la peau qui ont été irritées, que ce soit à cause de projections de sable, de contact avec de la paille grossière, de piqûres d’insecte, d’une accumulation de saletés due à un pansage irrégulier ou inexistant ou encore en raison de gerçures cutanées.
La gale de boue a tendance à se développer principalement en raison d'un excès d'humidité. Elle est donc plus fréquente en automne et lors des hivers humides lorsque les sols sont boueux. Cependant, elle peut survenir toute l’année chez les chevaux qui sont fréquemment douchés et/ou mal séchés après la douche.
Illustration : Douche - Source : © Silke de Pixabay
Un manque d’hygiène et un box mal entretenu, avec une litière souillée et humide, peut également favoriser la prolifération de la bactérie. L'urine, en grande quantité associée à l'action abrasive de la paille mouillée, peut provoquer une irritation chimique sur les membres du cheval.
Illustration : Litiere - Source : © Miriam Müller de Pixabay
Les chevaux évoluant sur des terrains sablonneux peuvent également contracter la gale de boue s'ils ont été exposés à l’humidité auparavant ou s’ils n'ont pas été correctement séchés. L'humidité stagnante combinée aux éléments abrasifs tels que le sable ou la poussière peuvent provoquer une inflammation du derme, en particulier en cas de frottements répétés.
Illustration : Sable humide - Source : © Secarter de Pixabay
La présence de saleté et d’humidité privilégie le développement des microbes, mais la gale de boue peut aussi apparaître en été avec l’abrasion de la peau ou en raison d’une exposition au soleil chez les chevaux photosensibles, généralement les chevaux aux robes et muqueuses claires. Les rayons UV peuvent déclencher des réactions irritantes en dépigmentant le derme.
Illustration : Muqueuse claire - Source : © Rihaij de Pixabay
De plus, il semblerait qu’il existe des prédispositions individuelles à la gale de boue. Les chevaux de trait aux fanons traditionnellement fournis sont plus susceptibles de développer cette affection, tout comme ceux qui ont des balzanes, car la peau blanche est particulièrement sensible. Par ailleurs, un cheval ayant un système immunitaire affaibli ou en mauvais état de santé aura une moins bonne résistance.
Illustration: Fanons fournis - Source : ©Alexa de Pixabay
II – Les symptômes
La première phase de la gale de boue se présente sous forme de petites irritations douloureuses pour votre cheval. Les membres de votre cheval peuvent être légèrement engorgés et chauds. Ces irritations évoluent ensuite en croûtes suintantes et douloureuses qui agglutinent les poils « en pinceau ».
En l’absence de soin, ces croûtes peuvent s’étendre jusqu'à la couronne et au boulet, entrainant un épaississement et un craquellement de la peau, et finalement la formation de zones dépourvues de poils, ulcérées et douloureuses. L'inflammation peut provoquer un engorgement des extrémités des membres, ce qui peut entrainer une boiterie, surtout lorsque les lésions siègent au niveau des plis et des articulations.
Pour les chevaux vivants en extérieur, sans couverture, des lésions peuvent également apparaître sur le dos et la croupe, dues à l’humidité emprisonnée dans le pelage après des périodes de pluie ou des roulades dans la boue. Il est par ailleurs possible d’observer des plaies ou des lésions à l'endroit où le harnachement et la selle sont en contact avec la peau.
Illustration : Cheval qui se roule - Source : © Alexa de Pixabay
En règle générale, l’état de santé global du cheval n’est pas détérioré. Toutefois, si les lésions ne sont pas traitées et si les conditions humides persistent, il existe un risque de surinfection, susceptible d’évoluer en lymphangite ou en septicémie. Dans de tels cas, le cheval pourrait présenter une léthargie et de la fièvre.
Il est important de noter que la gale de boue n’est pas contagieuse, autrement dit les chevaux atteints ne peuvent pas la transmettre aux autres.
III – Le traitement
Parfois, si le climat redevient sec, la guérison peut se produire de manière spontanée. Néanmoins, pour réduire les risques de complications ou de surinfection bactérienne, un traitement doit être mis en place le plus rapidement possible. Nous vous recommandons d’effectuer les soins deux fois par jour, jusqu'à la complète guérison. Si vous avez la possibilité, déplacez votre cheval de la zone humide où il a contracté la maladie vers un endroit sec et propre, cela améliorera l’efficacité du traitement. De plus, nous vous suggérons de tondre ou de couper les poils au niveau des zones atteintes pour éviter l’accumulation d’humidité.
La zone lésée, généralement le paturon, doit être soigneusement nettoyée, de préférence à l’eau tiède pour éviter d’aggraver les lésions. Utilisez un savon antiseptique tel que la chlorhexidine ou la bétadine pour nettoyer, désinfecter et ramollir les croûtes, mais assurez-vous de ne pas les arracher, elles tomberont spontanément. Séchez la zone de minutieusement et complètement, puis appliquez un produit antiseptique et cicatrisant pour favoriser la guérison. N’oubliez pas de désinfecter votre matériel de pansage.
Dans les cas les plus graves, votre vétérinaire pourrait prescrire des antibiotiques à votre cheval. Dans certains cas, des prélèvements bactériologiques peuvent être nécessaires pour ajuster le traitement anti-infectieux.
Illustration : Soigner la gale de boue - Source : © A. Laurioux
IV – Les actions préventives
La gale de boue est une affection courante, mais elle peut être facilement évitée grâce à des soins quotidiens. Vous pouvez réduire les risques de développement en adoptant quelques bonnes pratiques préventives.
Il est recommandé de nettoyer et sécher correctement votre cheval après la douche ou une séance de travail. Un pansage approfondi est également essentiel pour éliminer tout débris de sa peau, avant la pose de son équipement, notamment au niveau des membres.
Illustration : Pansage - Source : ©Alexa de Pixabay
Évitez de lui laisser des protections comme les cloches, guêtres, bandes de repos et protège boulets qui retiennent l’humidité localement sur la peau.
Illustration : Protections - Source : © carolem41 de Pixabay
Si votre cheval est sujet à la gale de boue, il peut être utile de réduire légèrement la densité des fanons et de lui appliquer régulièrement un corps gras (vaseline, crème grasse) pour empêcher la rétention d’eau. Pour les chevaux aux muqueuses claires, l’application de crème solaire est recommandée.
Illustration : Boue - Source : © Freddy de Pixabay
Assurez-vous que votre cheval puisse s’abriter par temps de pluie. Si votre cheval vit en box, vérifiez quotidiennement que le box reste propre et la litière sèche. Il est conseillé de nettoyer entièrement la litière une à deux fois par semaine.
En outre, surveillez l’état des pâtures, en particulier l’accumulation de boue et maintenez dans la mesure du possible une bonne rotation des parcelles pour éviter que les terrains ne soient trop piétinés. Vous pouvez aussi assécher les zones détrempées en y déposant de la sciure ou du sable. Si possible, déplacez régulièrement les abreuvoirs et les mangeoires dans les champs pour éviter la boue ne se forme en raison du piétinement des chevaux.
Par ailleurs, pour stabiliser vos sols, vous pouvez envisager l’utilisation de dalles de stabilisation proposées par ECOVEGETAL, partenaire du Label EquuRES.
Illustration : Stabilisation - Source : ©Petra de Pixabay